Apprentissage. Quels savoirs et compétences sont-ils acquis, par qui et pour quoi, lors de la participation à une CdE ?

Selon leurs propres dires, les apprentissages des participants aux CdE sont multiples, tant à un niveau individuel qu’à un niveau collectif. Les moyens d’apprentissage ont été multiples : formations organisées par VdE, rencontres avec des experts, usage de compteurs et autres wattmètres, discussions de groupe…

Au niveau individuel, le projet Voisins d’Énergie a permis un apport de connaissances sur le monde complexe de l’électricité et sur certains de ses aspects techniques. Les explorateurs estiment posséder maintenant une petite expertise leur permettant de mieux comprendre le fonctionnement du système énergétique bruxellois et se disent prêts à la partager avec des personnes intéressées. Les notions de partage de l’électricité et d’autoconsommation collective sont maintenant mieux comprises, tant du point de vue technique qu’économique.

Une partie des explorateurs a aussi pris conscience qu’avoir un surplus de production d'électricité solaire n'était jamais une mauvaise chose, surtout à partir du moment où ils pouvaient choisir avec qui la partager.

VdE a également apporté des connaissances plus pratiques aux explorateurs, notamment dans la compréhension et le changement des habitudes en ce qui concerne les consommations d’électricité. On observe une volonté de devenir un « bon usager », de « ne pas gaspiller ». L’usage de wattmètres et de Fluksos a permis de mieux appréhender les consommations (et productions) d’électricité. Cet usage semble d’autant plus utile qu’il est accompagné d’un objectif que l’usager s’est fixé ou d’un outil d’enquête (tableau des priorisation, questionnaire). Des campagnes de mesure ainsi organisées collectivement servent en premier lieu à informer et à motiver les habitants pour la mise en place de la communauté d’énergie. Pour les prosumers dans certaines CdE, le fait de pouvoir visualiser ce qu’ils consomment et ce qu’ils produisent via leurs installations PV a changé leurs habitudes de consommation en adaptant leurs usages au moment où les PV produisent le plus (par exemple, faire tourner les machines très consommatrices en journée, recharger en journée les batteries des appareils électriques).

Au niveau collectif, VdE a opéré comme un centre d’éducation populaire (ou permanente), qui s’est déclinée au travers d’activités et outils très divers : ateliers, workshops, outils ludiques, etc. Les personnes dans les CdE ont chacune leur vécu et leurs liens qu’ils entretiennent avec l’énergie et le système énergétique. Les échanges collectifs permettent de partager une série de petites histoires et de créer ainsi une culture commune.

Dans certaines CdE, nous notons aussi une tension entre l’idée de considérer les CdE comme de nouveaux acteurs du marché et la nécessité de simplifier le système électrique pour son appropriation par le plus grand nombre. D’un côté, les Directives décrivent en détail la manière dont les CdE devraient se constituer pour s’insérer dans le marché libéralisé de l’énergie, et complexifient de fait le système électrique en multipliant le nombre d'acteurs actifs sur ce marché. De l’autre côté, certaines CdE ont témoigné d’une sorte de désarroi face à cette complexité et interrogent fréquemment les bienfaits supposés de la libéralisation. 

En résumé, les connaissances apportent de nouvelles compétences qui modifient les pratiques quotidiennes mais aussi la perception du système électrique et les modes d’action possibles en son sein.